Owen continue de regarder film après film. Il rembobine et re-regarde certaines scènes. Il y a beaucoup de rembobinages. Mais il semble satisfait, absorbé. Nous interrogeons notre équipe toujours plus grande de spécialistes du développement, médecins et thérapeutes à ce sujet. Nous n’avons jamais trop aimé l’idée de coller nos enfants devant des vidéos de Disney mais à présent la question paraît plus urgente : est-ce que c’est bon pour lui ? Ils haussent les épaules. Est-ce qu’il est détendu ? Oui. Est-ce que ça a l’air de lui procurer de la joie ? Tout à fait. N’en abusez pas, disent-ils. Mais si ça lui fait cet effet-là, il n’y aucune raison d’arrêter. Donc, par un samedi après-midi froid et pluvieux de novembre 1994, nous le rejoignons à l’étage, tous les trois. Owen est déjà sur le lit : il ne prête pas attention à notre arrivée, murmure des propos inintelligibles… « Jusavoua, jusavoua ». Nous entendons ça depuis quelques semaines déjà. Cornelia pense qu’il veut peut-être plus de jus de fruit, mais non, il refuse la tasse à bec. C’est La Petite Sirène qui est à l’écran au moment où nous arrangeons les coussins pour nous installer. Nous l’avons tous vu au moins une dizaine de fois, mais on en est à l’un des meilleurs moments : celui où Ursula la méchante sorcière des mers, une diva cruelle, chante sa chanson, « Pauvres âmes en perdition », à Ariel, la sirène égoïste, chanson qui annonce le moment où Ursula transformera Ariel en être humain, lui permettant ainsi de partir à la recherche du beau prince, en échange de sa voix. Quand la chanson est finie, Owen se saisit de la télécommande, il appuie sur la touche rembobiner.
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http://affinitytherapy.sciencesconf.org/conference/affinitytherapy/pages/trad_article_suskind_AT.pdf
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